Ce que la Droite conteste dans ce qu’elle nomme "la pensée unique de Mai 68", c’est le principe du dialogue social. Elle lui oppose la nécessité d’une action forte menée de bout en bout, sans négociations sérieuses, par ceux qui ont été choisis une bonne fois pour toutes. Et cette conception dangereuse du pouvoir semble de plus en plus acceptée dans notre société...
Citation du Monde d’aujourd’hui (daté 20-21 mai 07) :
Le président de la République, capitaine d’industrie. (Décidément, il sait tout faire !) Il est 11h44 quand il arrive dans le restaurant du comité d’entreprise d’Airbus près de Toulouse. (...) M. Sarkozy, lui, est pressé (quel homme d’action !), "Je suis déjà venu vous voir cinq fois, je ne suis pas venu simplement pour vous écouter", prévient NS, un brin agacé par la longue présentation liminaire du délégué central de FO". (sous-entendu - et on le comprend ! - Il est temps de passer aux choses sérieuses, et de faire taire ces vieux grognards de syndicalistes.)
Plus loin : "Le tempo du quinquennat a été donné par le président de la République, dès le premier conseil des ministres, vendredi 18 mai : "Nous ferons toutes les réformes en même temps, et non pas l’une derrière l’autre."(Ah, tiens ?!) Valérie Pécresse (...) approuve : "c’est plus facile de les faire en même temps que progressivement !"Bon sang, mais c’est bien sûr ! Comment n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? Alors que la solution aux problèmes de la France était là ! Sous notre nez ! Au lieu de trente mouvements sociaux étalés sur cinq ans, il n’y en aura qu’un seul, et après, on est tranquilles. De plus, il sera probablement des plus confus : Je vois d’ici les ministres de la Raison s’adresser ainsi aux futurs "agitateurs" (car dans la France d’après, c’est ainsi qu’on appelle ceux qui ne sont pas d’accord) : "Mais contre quoi diable vous battez-vous ? - Eh bien, ça, ça et puis ça... - Vous voyez bien, vous ne savez même pas vous-mêmes, vous mélangez tout. C’est donc vraiment pour le plaisir que vous contestez la légitimité démocratique ?" On risque d’entendre souvent ce genre de rappel à l’ordre, d’autant que l’"ouverture" politique (chantée par tous les grands médias à l’unisson) donne un surcroît de légitimité au président. 53% + la cote de popularité de Kouchner, oui, cela fait pas mal de monde, que représente notre gouvernement...
En parlant de cela, toujours dans Le Monde :Les transfuges de la gauche sont prévenus : "On a un président qui a une légitimité exceptionnelle. Le rôle du chef du gouvernement et le rôle des ministres, c’est de mettre en oeuvre scrupuleusement le projet politique de Nicolas Sarkozy", a rappelé vendredi soir, sur TF1 le premier ministre François Fillon.
Une légitimité exceptionnelle ? Diable ! Nous voilà prévenus, en effet, il va falloir se tenir à carreau. Exceptionnelle par rapport à quoi ? Au nom de quoi ?
Peut-être parce que ce n’est pas un président comme les autres ? Ou parce qu’il s’appelle Nicolas Sarkozy ? Ou parce que... oh, mais de toute façon cela saute aux yeux, il n’y a pas à se demander pourquoi ; "Sarkozy a une légitimité exceptionnelle", c’est un peu comme si on disait "l’herbe est verte" ou "la Tour Eiffel, c’est haut", c’est... une évidence élémentaire, tout simplement.Tellement évident que Le Monde, l’objectivité faite journal, ne se fatigue pas à le relever. On peut toujours chercher une ombre de jugement critique, on ne trouvera pas. Au contraire, Fillon n’"affirme" rien, mais "rappelle" cette règle de base. Le même journal ne fait pas non plus remarquer que "faire passer toutes les réformes en même temps" est tout à fait contraire à l’usage. Et il faut répondre à M. Sarkozy, qui aime à répéter qu’il faut savoir s’écarter des méthodes déjà éprouvées, que cet usage n’est pas infondé : c’est là l’esprit de la république, qui exige que, même démocratiquement élu, on consulte tout le monde avant de "réformer en profondeur". Comment, en effet, peut-on discuter de cent projets de loi "en même temps" ?
Ah, j’oubliais. On ne "discute" plus, de nos jours. On "agit"...
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1 commentaire:
i dont' care about your write
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