27 juin 16:45 - PARIS (AFP) - Les Sociétés de journalistes de 27 médias ont demandé mercredi à Nicolas Sarkozy des mesures légales garantissant l'indépendance de la presse, sur fond de crise aux Echos et à La Tribune qui "vient clôturer une +annus horibilis+ pour les journalistes".
A l'issue d'une réunion d'urgence, le Forum permanent des SDJ a adressé un courrier au président de la République qu'il souhaite "rencontrer le plus rapidement possible" en tant que "garant d'une démocratie impartiale" dont "le pluralisme, garantie de l'honnêteté de l'information, est un élément essentiel".
"Les atteintes à l'indépendance des rédactions se sont multipliées ces derniers temps et n'épargnent aucune rédaction", a déclaré François Malye, président du Forum lors d'une conférence de presse.
Il a cité, entre autres, la "censure au Journal du Dimanche", le licenciement d'Alain Genestar, ancien directeur de Paris-Match et les tentatives de perquisitions au Canard Enchaîné dans le cadre de l'affaire Clearstream.
Face à cette "accumulation insupportable, il faut faire modifier la loi" pour "mettre fin au flou à l'origine de tous les abus de pouvoirs", a plaidé M. Malye.
Le Forum propose notamment que l'existence des SDJ soit reconnue par la loi et l'instauration d'un droit de veto - comme au Monde - donnant aux rédactions le pouvoir de s'opposer à un directeur de la rédaction. Une charte déontologique est par ailleurs en cours de rédaction.
"Il est nécessaire d'avoir un cadre légal car nous sommes tous en danger", a commenté Leïla de Comarmond, de la SDJ des Echos, qui se trouve en position de "faiblesse extrême". "Nous ne comprendrions pas que M. Sarkozy ne nous reçoive pas", a-t-elle lancé, regrettant le "grand silence" du président.
Philippe Cohen, journaliste à Marianne, a souhaité de son côté une "sanctuarisation du droit de critique des médias par les médias eux-mêmes", s'inquiétant de la suppression de l'émission +Arrêt sur images+" par France 5.
Cette réunion des SDJ, un fait rare, intervient alors qu'une crise frappe les deux principaux quotidiens économiques français, Les Echos et La Tribune.
L'affaire est "emblématique car elle traduit le mépris qu'ont certains actionnaires de la valeur d'une entreprise de presse", a commenté M. Malye.
Le groupe de luxe LVMH, dirigé par Bernard Arnault, a annoncé la semaine dernière son intention de racheter Les Echos. S'il met la main sur le premier quotidien économique français, LVMH devrait alors vendre La Tribune, qu'il détient.
Les journalistes des deux quotidiens ont fait grève la semaine dernière pour s'opposer aux intentions de M. Arnault, un proche de M. Sarkozy.
A La Tribune, déficitaire, les salariés redoutent les conséquences sociales d'une vente précipitée.
Leurs confrères des Echos craignent que leur cession à LVMH menace leur indépendance éditoriale et crée des conflits d'intérêts, alors que le groupe, présent dans le luxe, la distribution et les médias, fait l'objet de nombreux articles.
"Comment les lecteurs pourront-ils s'informer de façon fiable sur la multitude de domaines d'activité sur lesquels Bernard Arnault est présent?", s'interroge Vincent de Féligonde, de la SDJ des Echos, dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal.
Jean-Baptiste Jacquin, de La Tribune, a rappelé de son côté une "censure" intervenue en septembre sur une partie d'un sondage "trop favorable à Ségolène Royal".
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